La vitesse de club est devenue dans le golf LA mesure de référence pour quiconque veut taper plus loin. D’ailleurs, tous les radars, du Trackman, au modèle amateur comme l’ES14, permettent de la mesurer.
Si vous suivez l’actualité golfique, vous n’avez pas pu passer à côté de la performance de Bryson DeChambeau avec un drive à 400 yards carry ! Une performance extraordinaire même si un grand nombre de joueurs atteint aujourd’hui aisément les 290 yards. Cette tendance à la recherche de distance se confirme depuis plusieurs années déjà et oblige même le Royal & Ancient à réfléchir à une évolution des règles de jeu.
Vous l’aurez compris, on veut taper loin et donc … taper vite !
Qu’est-ce que la vitesse de club ?
Pour pouvoir envoyer votre balle loin et avec précision plusieurs facteurs entrent en ligne de compte. L’un de ces facteurs est la vitesse de club.
En cinématique, la vitesse est une grandeur qui mesure pour un mouvement, le rapport de la distance parcourue au temps écoulé (1).
Dans le golf elle va être dépendante de votre technique, de votre matériel, mais aussi, et il s’agit ici de mon domaine, de vos capacités d’accélération et de décélération angulaires (2). Ce sont ces dernières qui vont vous permettre de créer une vitesse de club efficace et reproductible.
En termes biomécaniques la vitesse de club n’est donc que la conséquence de la capacité de votre corps à pouvoir transmettre le maximum d’accélération au club. Et cette capacité, nous l’observons avec l’analyse 3D.
L’analyse 3D
L’analyse 3D est devenue un outil indispensable dans le golf et le baseball, la natation et le tennis. Facile à utiliser grâce à sa technologie sans fil, elle nous permet d’obtenir ce que l’on appelle la séquence cinématique.
Le TPI (Titleist Performance Institute) a été précurseur dans ce domaine. Ses spécialistes ont pu enregistrer les séquences cinématiques d’un très grand nombre de joueurs professionnels et établir des modèles. Leur conclusion majeure a été pour moi la suivante : malgré des styles de swing tous différents, chaque joueur professionnel présente la même séquence cinématique dans toutes les phases du swing.
En d’autres termes, il existe une organisation optimale des segments du corps pour obtenir puissance et régularité dans le swing.
La séquence cinématique
Voici un exemple de séquence cinématique.
Les quatre lignes de couleur que vous observez représentent :
- La vitesse de club pour la ligne jaune.
- Votre bras gauche si vous êtes droitier(ère) et inversement, pour la ligne bleue.
- Votre thorax pour la ligne verte.
- Vos hanches pour la ligne rouge.
S’il y a une « anomalie » dans les courbes, cela signifie qu’une partie de votre swing est affectée. Cela peut être du à une limite d’utilisation, ou une compensation, qui vous font perdre en efficacité.
Cette anomalie peut affecter vos capacités d’accélération ou de décélération, mais aussi tout autre aspect de votre swing. C’est pour cette raison que l’interprétation de toutes les données obtenues par la 3D demande beaucoup d’années d’expérience.
Identifier les causes de la perte d’accélération
Chacun d’entre nous possède un vécu et des expériences de mouvement différentes qui vont induire une utilisation du corps différente. Une fois la séquence cinématique réalisée, il est donc indispensable de réaliser des tests. Ce sont eux qui vont nous permettre d’identifier les zones à « problème » et donc d’établir la stratégie de soins et d’entrainement.
En voici quelques exemples :
- L’arthrose, les séquelles de fracture ou d’entorse et les enraidissements vont réduire vos amplitudes de mouvement.
- Votre posture.
- Votre profil sportif va déterminer vos capacités musculaires. Selon les sports que vous pratiquez ou avez pratiqué le type de fibres musculaires (3) développé sera différent. Il existe les fibres explosives, indéterminées et d’endurance.
- L’entrainement orienté vers l’endurance ou la vitesse va déterminer vos capacités de recrutement des fibres musculaires via les plaques motrices.
- Votre métier, vos blessures, et votre mode de vie en général vont impacter vos schémas moteurs. Les schémas moteurs sont les « programmes » utilisés par votre cerveau pour que chacun de vos mouvements s’enchaine de manière efficace avec le suivant (4).
Comment frapper “comme” Bryson DeChambeau ?
En prenant votre mal en patience 😉
Je vous invite à regarder cette vidéo de Greg Roskopf. Greg est en charge du développement physique de DeChambeau depuis de nombreuses années. Dans cette vidéo il explique qu’il leur a fallu 3 ans pour arriver à ce record de 400 yards !
Si vous êtes prêt(e) à vous contenter de moins, voici les détails d’un plan d’action que j’ai déjà pu mettre en place avec succès :
- Analyser la posture et la corriger si besoin. La posture est préparatoire au mouvement et influence tous les déséquilibres créés par le déplacement des segments.
- Regagner en amplitude articulaire dans les zones dédiées. On peut utiliser du stretching et de l’abrasion faciale pour libérer les tissus. Mais aussi des techniques de Kabat pour apprendre aux muscles faibles à utiliser les amplitudes disponibles.
- Rétablir la fonction en impliquant le cerveau dans la totalité des amplitudes et des gestes. Il faut partir des gestes simples (lever un bras) pour aller vers des gestes de plus en plus complexes (le swing étant le geste final). Les exercices de motricité de base tels que les déplacements à quatre pattes seront complétés par des exercices spécifiques à la fonction recherchée.
- Augmenter la puissance musculaire (Puissance = Force x Vitesse). Cette étape intervient une fois les trois premières étapes d’entrainement fonctionnel réalisées. On peut alors attaquer des exercices de musculation ciblés et des exercices de vitesse.
Vous l’aurez compris, pour gagner en vitesse, il faut avant tout vous assurer de bouger avec le moins de contraintes possible !
Dans un prochain article nous étudierons d’autres sources de distance : le spin de la balle, l’angle d’attaque et le smash factor, toujours sous l’angle de mon domaine de compétences, ce que l’on appelle communément la biomécanique.
Références :
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